Au cœur du parc Yoyogi, le poumon vert de Tokyo, vous trouverez le Sanctuaire Meiji : un écrin de quiétude empreint de spiritualité à seulement quelques mètres de l’effervescence du quartier de Shibuya.

Aussi nommé Meiji Jingu, le plus grand sanctuaire shintoïste a été érigé dès 1912 afin d’honorer la mémoire de l’Empereur Meiji, décédé cette même année. Celui-ci tient une place particulière dans le cœur des Japonais, il est l’empereur qui a fait rentrer le Japon dans l’ère moderne, rompant avec l’isolationnisme du shogunat Tokugawa. Preuve de cet attachement, les 100 000 arbres du parc proviennent de dons venus de tout le Japon.

sanctuaire meiji

Le Sanctuaire Meiji est un immanquable de Tokyo, il marque un tournant majeur dans l’histoire et dans la mentalité des Japonais.

La construction a été supervisée par l’architecte Ito Chuta dans le style nagare-zukuri principalement constitué de cyprès japonais. La construction s’est achevée en 1920 et le 1er novembre s’est déroulé la cérémonie pour accueillir officiellement l’âme de l’Empereur ainsi que celle de son épouse, l’impératrice Shôken, décédée en 1914.

Durant la Seconde Guerre Mondiale le temple a été détruit par les bombardements américains, il a progressivement était reconstruit par les dons des fidèles. Le 31 octobre 1958 les âmes des deux défunts ont été transférées dans les nouveaux bâtiments lors d’une cérémonie officielle qui marqua la réouverture au public du sanctuaire.

Qui était L’empereur Meiji

Pour bien comprendre l’importance de ce sanctuaire pour les Japonais, il faut comprendre ce que représente l’empereur Meiji et quel a été son rôle dans la création du Japon actuel.

Né à Kyoto sous le nom de Sachi no Miya en 1852, l’Empereur Meiji est le fils de l’Empereur Kômei et de l’une de ses concubines. A l’âge de huit ans, il est adopté par la première épouse de l’Empereur, celle-ci n’ayant jamais eu d’enfant. Il est alors rebaptisé Mutsuhito.

En 1866, Mutsuhito assume la régence alors que son père atteint de la variole est dans l’incapacité de gouverner (certains historiens avancent l’hypothèse d’un empoisonnement). L’empereur décédera en janvier 1867. La même année Mutsuhito se fiance à Ichijô Haruko qu’il finira par épouser en janvier 1869. Il prit alors le nom d’Empereur Meiji (gouvernement éclairé) alors qu’elle prendra le nom de Shoken (censé refléter sa beauté ainsi que sa petite taille).

Il devient le 122eme Empereur du Japon en 1868 alors qu’il n’a que 16 ans, l’empereur Meiji est considéré comme le premier empereur du Japon moderne.

Mutsuhito succède à son père dans un contexte troublé. L’arrivée de la flotte de Perry en 1853 contraint le Japon à sortir de son isolationnisme et à signer un traité inéquitable en défaveur du Japon ce qui mit le shogun dans une position difficile. Les Japonais réalisèrent leur retard technologique et les problèmes qu’engendraient cette faiblesse. De ceci est né la prise de conscience de la nécessité de faire d’importants efforts pour ne plus se faire dicter leur conduite par les puissances étrangères.

L’avènement du nouvel empereur marque le début d’une série de grandes réformes qui vont bouleverser le Japon, le faire rentrer dans l’ère moderne et devenir l’égal des puissances occidentales. Connues sous le nom de restauration Meiji, cette époque voit la fin du bakufu (shogunat) et donc de l’organisation féodale du pays. La première grande réforme de l’empereur Meiji est de déménager la capitale de Kyoto à Edo, siège du shogunat, et de rebaptiser la ville Tokyo (Capitale de l’Est).

Pour combler son retard, le Japon s’est lancé dans une grande vague de consultation des grandes puissances occidentales pour s’inspirer de leurs pratiques dans les secteurs stratégiques de l’éducation (rendue obligatoire), de l’industrie (création des premières lignes de chemin de fer et du yen), militaire ou politique. La devise de cette modernisation à marche forcée sera : esprit japonais et méthodes occidentales.

La nouvelle organisation politique s’articule autour d’un état centralisé qui marque la fin du système féodal et des clans militaires. L’interdiction du port du sabre fini de mettre à bas la classe des samouraïs ce qui les força à rejoindre l’armée régulière nationale nouvellement créée. La fin des privilèges accordés à certaines castes de seigneurs féodaux, la création d’un parlement élu et la distribution des terres aux paysans a également permis de libéraliser la société japonaise et autorisé l’ascension sociale d’une partie de la population. L’empereur opère également un bouleversement de la religion au Japon, il sépare le shintoïsme du bouddhisme, en fait la religion d’état et en devient le grand prêtre shinto. Il oblige également les citoyens à adhérer au sanctuaire shinto de leur secteur.

Les corps de l’empereur Meiji et de l’impératrice Shoken reposent à Kyoto sur le Mont Fushimi Momoyama Ryo (à quelques centaines de mètres du Sanctuaire Fushimi Inari Taisha), seuls leurs âmes reposent au sanctuaire Meiji.

A cette période, l’empereur du Japon est considéré comme descendant direct de la déesse Amateratsu : il est donc l’objet d’une véritable vénération du peuple japonais. Cette filiation divine fut abandonnée à la demande des alliés lors de la capitulation du Japon en 1945.

L’Architecture du Sanctuaire Meiji

Sanctuaire Meiji
Sanctuaire Meiji

Le Honden

Lorsque vous serez passé sous le second tori (Kita-mon) vous parviendrez devant le Honden qui tient lieu de bâtiment principal dans les sanctuaires Shinto. Celui du sanctuaire Meiji a été construit à partir de bois de cyprès dans le style nagare-zukuri et coiffé d’un toit de cuivre. Il constitue le cœur du sanctuaire avec le Genaiden et le Naihaiden.

Le Noritoden

Le Noritoden se trouve à proximité même du Honden, c’est ici que la liturgie est récitée, le norito fait références aux prières et aux textes sacrés en adressés aux kamis. Les plus anciens textes norito sont récités en japonais ancien et les plus anciens remontent au 10e siècle. En règle générale le norito est une prière, mais il peut également faire références à l’origine d’un rituel, aux offrandes présentées voir à identifier la personne pour qui sont récitées ces prières.

Le dojo shiseikan

Bunka no hi. Meiji jingu

A proximité du homotsuden vous trouverez le Shiseikan qui sert de dojo d’entrainement pour les pratiquants des arts martiaux traditionnels, le Budo. Enfants et adultes peuvent y suivre des cours de Kyudo, de Judo, de Kendo et d’Aikido.

le Kaguraden

Pour célébrer les 70 ans du sanctuaire Meiji, un nouveau bâtiment a été construit en 1993 pour abriter une salle de musique et de danse traditionnelle Kagura.

Les premières traces des danses Kagura se trouvent dans le mythe d’Ama-no-iwato que l’on trouve dans le plus vieux livre d’histoire du Japon et datant du 8ème siècle : le Kojiki.

Ce passage du Kojiki se déroule alors que Susano-o, dieu des tempêtes régnant sur la mer, insatisfait de sa condition se rebelle contre sa sœur Amateratsu, déesse du soleil, règnant sur les cieux. La déesse du soleil prenant peur, elle se réfugia dans la caverne d’Iwayado sans vouloir en sortir. Privés de sa lumière et plongés dans le froid des ténèbres, le paradis et la terre étaient à la merci des ravages des démons.

Les dieux prirent peur du devenir du monde et s’organisèrent pour faire sortir Amaterasu de sa grotte. Ils rassemblèrent des oiseaux sacrés afin de faire fuir les démons, leurs chants étant censés annoncer le lever du soleil.

Amenounzume effectuant la première danse kagura
Amenounzume effectuant la première danse kagura

Profitant de cette diversion, ils présentèrent des offrandes devant la grotte de la déesse. Voyant que cela ne suffisait pas, Amenouzume la déesse des arts et de la gaité, entama une danse sur une barrique, seule scène dont elle disposait. Entrée en transe, sa danse lui fit perdre peu à peu ses vêtements ce qui finit par mettre sa poitrine à nu. Devant l’absurdité de ce spectacle, les autres dieux se mirent à rire, si fort que le bruit attira l’attention d’Amateratsu.

S’approchant de la sortie de la grotte pour découvrir ce qu’il se passait, elle fut tirée hors de la grotte par Amenotajikarao, dieu des sports et de la force physique. Afin d’empêcher la déesse de rejoindre sa cachette ils condamnèrent l’entrée de la grotte grâce à une corde sacrée, empêchant Amateratsu de rejoindre sa cachette et ramenant ainsi la lumière du soleil sur le paradis et sur la terre.

La danse d’Amenouzume est le premier exemple de kagura (littéralement amuser les dieux) et toutes les formes de danses kagura sont censées en être inspirées. A l’origine sacrées, les danses kagura ne pouvaient être réalisées que par les prêtresses shinto. Par la suite les danses se diversifièrent en s’inspirant des folklores locaux. De nos jours les danses kagura ne sont plus uniquement des cérémoniaux religieux, elles sont désormais présentes à la cour de l’empereur ainsi que lors de festivals populaires.

Les différentes formes de Kagura

Mikagura : sont les danses kagura tells qu’elles sont pratiquées à la cour de l’empereur, dans les sanctuaires impériaux ainsi que dans beaucoup de sanctuaire shinto.

Satokagura : est la forme populaire du kagura, il s’inspire des danses kagura pratiquées à la cour et y incorporent des éléments du folklore traditionnel.

Daikagura: variation apparue à l’époque d’Edo, cette évolution se rapproche du spectacle de rue mélangeant danse, acrobatie, jonglages…

Homostuden Honkan

Le Homotsuden est le musée du trésor, il se situe au nord du sanctuaire. Construit un an après le temple, il abrite des objets personnels (kimono, ainsi que des portraits du couple impérial. Vous pourrez même y admirer le carrosse que l’empereur a utilisé pour aller signer la constitution de 1889.

Le musée du trésor dispose d’une annexe, le Homotsu-Tenjishitsu, qui se trouve au Bunkakan au sud-est du sanctuaire Meiji (quinze minutes de marche environ). Vous pourrez y admirer d’autres objets du couple impérial ainsi que des expositions temporaires. Vous pourrez également profiter des services proposés au Bunkakan comme le restaurant ou la boutique souvenir.

Nature

Meiji Jingu Gyoen (Jingu Nai-en)

Les jardins du Sanctuaire Meiji sont la seule partie du Naien qui existait avant la création du sanctuaire. L’empereur Meiji a dessiné les plans du jardin d’Iris pour offrir à l’impératrice Shoken un lieu où se ressourcer. En effet, la floraison des 1500 Iris de ce jardin est un véritable émerveillement lorsqu’il survient en juin en pleine saison des pluies. Mais chaque saison apporte aux promeneurs des raisons de s’émerveiller au Meiji Jingu Gyoen, la floraison des azalées illumine le printemps et atteint son apogée au mois d’Avril, à l’automne le feuillage revêt mille nuances de rouges.

Les Festivals du Sanctuaire Meiji

Voici une liste non exhaustive des principaux festivals du Sanctuaire, n’hésitez pas à consulter l’agenda des festivités.

Hatsu-mode

Hatsu-modeHatsu-mode

 

Hatsu-mode est le festival qui rassemble le plus de participants au sanctuaire Meiji. Le 1er janvier c’est jusqu’à 3 millions de Tokyoïtes qui se rendent au sanctuaire pour leur première visite de l’année. C’est l’occasion pour les visiteurs de se purifier avec de l’encens, de faire leurs premières prières, de tirer au sort une prédiction et pour certains cette célébration s’accompagnera d’un verre de saké.

Seijin-no-hi

Le deuxième lundi de janvier les jeunes gens âgés de 20 ans se rendent au temple vétu d’habits traditionnels. Durant ce festival se tiennent également des démonstrations de tir à l’arc japonaise et de sculpture sur glace.

Shichi-go-san-no-hi

Le quinze novembre, les enfants ages de trois, cinq et sept ans visitent le temple vêtu de leur plus beau kimono.

Haru-no-Taisai

Haru-no-Taisai

Le grand festival du printemps du sanctuaire Meiji se tient à la fin avril, un grand nombre de performances artistiques traditionnelles sont réalisées pour honorer les dieux. Vous pourrez découvrir danses traditionnelles (Hobu et Hogaku), musique folkloriques (Bugaku, Sankyoku, Satsuma biwa) et théâtre traditionnel (Noh et Kyogen).

Aki-no-Taisai

L’automne dispose également de son grand festival, au début de novembre vous pourrez y admirer de nombreuses performances artistiques mais petit plus par rapport au festival de printemps vous pourrez également assister à des démonstrations d’arts martiaux traditionnels parmi lesquels l’Aikido, le Kobudo, le Momote-shiki et le Kyudo (tir à l’arc rituel) ainsi que le Yabusame (tir à l’arc à cheval).

Dezuiri

Dezuiri

Au début du mois de janvier, se déroule une cérémonie rituelle de sumo. Durant la procession, les yokozuna (plus haut rang chez les sumos)sont purifiés par des prêtres shinto.

Comment faire pour voir un mariage au Sanctuaire Meiji

mariage au Sanctuaire Meiji

De nombreux mariages sont célébrés au Sanctuaire Meiji, encore plus les jours de bons présages. Pour les connaître, cherchez Taian sur votre moteur de recherche. Si vous trouvez un jour Taian qui tombe un dimanche, vous aurez de très grande chances de pouvoir assister à un mariage lors de votre visite (encore à l’automne et au printemps)

Prier au Sanctuaire Meiji

En dehors des prières, de nombreux moyens existent pour s’attirer les faveurs divines. Peu après l’entrée du sanctuaire, vous tomberez sur des tonneaux de sake. Ceux-ci font office d’offrande par les producteurs pour s’attirer les faveurs des dieux. Si vous faites bien attention, vous pourrez même voir certains crus de nos cépages français. En plus de faire une prière, vous pouvez écrire vos vœux sur un kikanbun, (formulaire papier) ou sur une ema (tablettes en bois).

Le Sanctuaire Meiji pratique :

Les tarifs du Sanctuaire Meiji

La visite du sanctuaire est gratuite.

Le Musée du trésor et son annexe(Homotsuden) : 500¥
Les Jardins intérieurs (Meiji Jingu Gyoen) : 500¥

Comment aller au Sanctuaire Meiji

Adresse : Shibuya-ku Yoyogi Shinen-cho 1-1, 151-8557 Tokyo
Coordonnées : 35° 40′ 34? Nord 139° 41′ 57? Est

En train

Station Harajuku pour arriver par la porte Sud du sanctuaire
Station Yoyogi pour rejoindre la porte Nord du Meiji jingu.

En métro

La station Meiji Jingu est desservie par les lignes Chiyoda et Fukutoshin.

Horaires et jours d’ouverture

Le Meiji Jingu est ouvert tous les jours, les horaires d’ouverture suivent le rythme du soleil et donc varient chaque mois :

Janvier : 06H40 – 16H20
Février : 06H20 – 16H50
Mars : 05H40 – 17H20
Avril : 05H10 – 17H50
Mai : 05H00 – 18H10
Juin : 05H00 – 18H30
Juillet : 05H00 – 18H20
Août : 05H00 – 18H:00
Septembre : 05H20 – 17H20
Octobre : 05H40 – 16H40
Novembre : 06H10 – 16H10
Décembre : 06H40 – 16H00

La nuit du 31 décembre le Sanctuaire reste ouvert à l’occasion du festival Hatsu-mode.
Attention, les horaires d’ouvertures des bâtiments diffèrent de ceux de l’enceinte.

Salle du trésor Musée et son annexe :

Novembre à Février : 09H00 à 16H00
Mars à Octobre : 09H00 à 16H30

La salle du trésor est ouverte du lundi au vendredi tandis que son annexe est ouverte tous les jours.
Tarif : 500 yens

Jardin intérieur :

Le Meiji Jingu Gyoen est ouvert tous les jours.
Novembre à Février : 09H00 à 16H00
Mars à Octobre : 09H00 à 16H30
Tarif : 500 yens